...Balai en Brandes...de bruyère ...
On connait tous le conte " Le balai des sorcières" ( Vincent Bourgeau- Edition Albin Michel jeunesse) et de son personnage Ramina Grospoil, cette sorcière qui, moquée par d'autres, s'enfuit dans les bois et inventa le balai magique, "Une branche, plusieurs exemplaires de son poil"..., pour courir au secours d'une autre sorcière menacée par des villageois...
Votre grand mère n'était pas sorcière, mais elle avait un balai, un balai en Brandes dont vous gardez le souvenir parce qu'il avançait par petits à-coups, dispersant les poussières au devant, finissait sa course sur le basseil de la maison pour lever le cul d'un chat gourmand de quelques gouttes de lait, tombées d'un seau : "A chat, A chat !"
Notre balai en brandes de bruyère, nommé "balai de sorcière" par certains distributeurs, est une vedette sur Internet. Il a tout d'une star parce que végétal et écologique...un balai en avance sur son temps !
Il est tendance. On se l'arrache...
Sa source-mère, "La brande de bruyère", souvent qualifiée de terre ingrate, inspiratrice d'ambiance " Brande du Poitou, cachette à loup", est devenue fine fleur de l'élégance des jardins citadins : palissades.
A Vernon , la "Fosse aux loups" interroge notre imagination dans une commune où les brandes ont marqué le territoire de leurs noms pour mieux exprimer l'histoire environnementale et sociale des lieux au fil des siècles. ( Brandes de la Cope, Brandes du Mineret).
On peut constater combien le mot " balai " s'inscrit souvent dans le nom des rues révélant la présence d'un végétal invasif et exploité.
A Poitiers, par exemple, "la rue des genêts" perpendiculaire à la " rue des champs balais" marque l'existence des champs de genêts, avant l'urbanisation du quartier dans les années 55/ 60. Le genêt servant à la fabrication de balais, faut-il envisager l'idée d'une production de balais liée aux genêts des environs ou d'une simple correspondance de sens "genêt/balai" ?
Sommairement ...
Inspiré d'un petit livret, rédigé par Messieurs Bourdu ou/et (?) Chevrier J.Jacques, enseignants, on sait que sous Louis XVI, les métairies, à Vernon, étaient possédées par des bourgeois, des nobles, ou une communauté religieuse ( Gonèche, par exemple).
Le travail agraire sur une terre lourde était harassant et manquait de rendement à cause d'un matériel inadapté à la nature des sols.
On exploitait les meilleures terres et on abandonnait les jachères qui se couvraient de brandes, devenant ainsi une lande inculte, sur laquelle paissaient des moutons et dont l'on tirait des fagots pour l'utilisation énergétique domestique.
Ces brandes servaient aussi aux toitures et à la conception de huttes, à l'allumage des cheminées, des fours de potiers ou de boulangers mais l'industrialisation de l'agriculture et la quête de rendement agraire obligea donc à d'autres pratiques et à l'abandon progressif des landes. ( dès le 18 e Siècle).
Ces landes qui font l'objet d'observation et de préservation par le conservatoire d'espaces naturels de Poitou-Charentes, sont considérées comme une richesse patrimoniale et culturelle qui doit susciter l'intérêt général et être protégée.